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PORTRAIT PASSIONLa Palmeraie du Sarthou, fruit de la passion

À Bétous, Daniel et Marie-Christine Fort ont transformé un champ de friches en prodigieuse oasis végétale, à la force du poignet. Une histoire atypique, ponctuée de drôles de rencontres…
Chemin au milieu des jardins
« Lorsque nous sommes arrivés ici, en 1980, nous étions un jeune couple de 20 et 24 ans, sans le sou. Nous avons acheté cette ferme qui n’intéressait personne, et ses 3 000 m² de terrain. Nous n’aspirions à rien de plus qu’à y vivre heureux, à l’abri des regards » explique Marie-Christine.

Elle travaille en tant que secrétaire de mairie, puis dans une maison de retraite ; de son côté, Daniel se consacre à son métier de technicien en production végétale. Tous deux retapent la maison, et sèment de petites graines de palmiers de Chine qui fascinent Daniel depuis sa plus tendre enfance.

« Mon mari en faisait déjà pousser chez ses parents, à partir de semences qu’il ramassait dans le Gers. Il faut savoir que ces arbres avaient été introduits en Europe à la fin du 18e siècle, et que les Béarnais ont été les précurseurs de leur plantation locale il y a 150 ans. Nous faisions avec ces graines qu’il avait patiemment sélectionnées, triées, parce que nous n’avions pas les moyens d’acheter des plants. Notre objectif était de faire un jardin d’agrément familial ».

Car la famille justement s’est considérablement agrandie, avec l’arrivée de quatre enfants. Pour les élever, Marie-Christine arrête de travailler pendant dix ans. Mais, à 40 ans, elle doit retrouver du travail, car vivre à six sur un seul salaire est devenu impossible.

« À 40 ans, il est plus difficile de trouver du travail. Nous avions notre pépinière de loisir, avec ses milliers de palmiers en petits pots autour de ceux qui avaient déjà grandi. Un peu par hasard, nous sommes allés nous renseigner à la Chambre d’Agriculture. La jeune femme qui nous a reçus nous a écoutés avec bienveillance, et nous a proposés de nous installer comme pépiniéristes ».

Marie-Christine reprend donc le chemin de l’école en 1996, pour y passer un diplôme agricole professionnel lui permettant de s’installer en tant que jeune agricultrice, et prétendre aux aides. Daniel, qui travaille douze heures par jour en plus des week-ends, lui donne un coup de main dès qu’il le peut.

Il faut aller frapper à la porte des banquiers, les persuader de les laisser emprunter ; mais la plupart restent sourds. C’est finalement le conseiller bancaire de Marie-Christine qui acceptera de se déplacer, et comprendra vite que leur prêt ne présente aucun risque.

« Nous avons dû faire de gros emprunts, pour acheter des terres, des serres, du matériel… On partait de zéro, il a fallu hypothéquer le peu de biens que nous avions. J’ai déposé les statuts de l’entreprise début 1998, avant de repartir pour un autre parcours du combattant… ».

En effet, à l’époque, les palmiers ne sont pas vraiment à la mode. Il faut donc démarcher les grosses entreprises, se faire connaître sur foires et marchés… L’année suivante, la Chambre d’Agriculture présente leur dossier au concours de la création d’entreprise « Talents 99 ». Le couple n’est pas franchement partant, mais, à sa grande surprise, il rafle le 1er prix régional, et le 4e national. De quoi susciter la curiosité d’une jeune journaliste qui leur consacrera une belle page dans son journal, allant jusqu’à braver l’interdiction de son rédacteur en chef !

À partir de là, les gens ont commencé à venir voir notre jardin.

« À partir de là, les gens ont commencé à venir voir notre jardin. Nous étions loin d’imaginer qu’il puisse intéresser le public à ce point, et nous n’étions pas organisés pour cela. Nous avons vite compris qu’il fallait l’aménager pour en recevoir un plus grand nombre ».

La palmeraie s’agrandit donc, devient une improbable forêt exotique en terre gasconne, accueillant au fil du temps une bananeraie, une serre tropicale, un arboretum, une bambouseraie… En 2003, elle décroche le Trophée Régional Midi-Pyrénées du Tourisme. En 2006, la responsable des jardins du Ministère de la Culture suggère de la promouvoir “Jardin remarquable”. « On ne savait même pas que ce label existait ! » s’amuse Marie-Christine.

Depuis, Daniel y a créé une mosaïque de 135 lagerstroemias, dont la floraison au mois d’août envoute le visiteur par son damier de blanc, rose-thé, rose indien, fuchsia et violet. Plus récemment, c’est un sentier pieds-nus - inspiré par Lisa, leur jeune stagiaire - qui a vu le jour dans la forêt gasconne. Cette année, c’est un jardin secret qu’il faut trouver à partir d’un indice…

Comment résumer autant de passion et d’abnégation, qui auront permis de transformer un champ, somme toute insignifiant, en un lieu paradisiaque, incontournable dans la région ?

« Je vais emprunter une phrase de Daniel, que je compare au facteur Cheval, l’artiste qui a construit le Palais idéal, parce qu’il a fait de même ici avec ce jardin. Il dit souvent aux visiteurs « J‘en suis le serviteur, c’est lui qui me commande » … »

Un jardin féérique aux mille et une surprises. À découvrir absolument.

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Vidéo de Laurent Lainé

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