D’après le nouveau baromètre d’Observ’ER (observatoire des énergies renouvelables), réalisé en partenariat avec la FNCCR (Fédération nationale des collectivités concédantes et régies) et l’Ademe, les filières renouvelables auraient représenté 27,3% de la consommation électrique du pays en 2020 (à fin septembre), contre seulement 21,9% en 2019.
Et le chiffre atteindrait 48,7% en Occitanie : seule la région Auvergne-Rhône-Alpes ferait mieux avec 49,9%. C’est 26,2% en Nouvelle-Aquitaine, région qui se classe en 6ème position sur 13. L’électricité d’origine renouvelable progresse dans le mix énergétique de toutes les régions, et la tendance devrait s’accélérer en 2021.
Si l’on peut se réjouir de cette progression du poids des EnR, il faut tout de même rappeler qu’elle est en partie liée à la douceur du climat de l’année écoulée et aux baisses de consommation entraînées par la crise sanitaire.
Ceci dit, il n’aura échappé à personne que les projets de développement liés aux énergies vertes se sont multipliés ces derniers mois, bien qu’ils n’aient pas progressé au rythme attendu par les pouvoirs publics. On précise au passage que le baromètre d’Observ’ER prend en compte l’éolien, le photovoltaïque, l’hydraulique, la biomasse et les biogaz, les déchets urbains renouvelables, la géothermie et les énergies marines.
Du côté des artisans de la transition énergétique, on a beaucoup évoqué ces derniers temps les projets de « power-to-gas » (utilisation d’électricité verte pour produire du gaz) et de méthanation de l’opérateur béarnais Teréga (installation Jupiter 1000 à Fos-sur-Mer avec GRTgaz, projets CO2Meth et Méthamag).
Un foisonnement de projets…
Mais les autres acteurs du secteur travaillent également d’arrache-pied sur ce sujet des énergies renouvelables. Chez Engie, on a annoncé fin novembre que la plateforme Gaya de Saint-Fons (69) avait « franchi une étape historique avec ses premiers mètres cubes de gaz renouvelable produits à partir de combustibles solides de récupération (CSR), majoritairement composés de bois, papiers, cartons ou encore de plastiques issus de déchets d’activités économiques ».
Outre les nombreux exemples d’installations mises en place à travers le monde, Engie expérimente aussi le power-to-gas à Dunkerque (59) « pour chauffer 200 logements d’un nouveau quartier d’habitation et pour alimenter en carburant Hythane (mélange d’hydrogène et de gaz naturel) la flotte de bus qui roule aujourd’hui au GNV ».
[caption id="attachment_133356" align="alignleft" width="300"] Masshylia[/caption]
Ce mercredi 13 janvier a, par ailleurs, été dévoilé un contrat de partenariat entre ledit Engie et Total pour « concevoir, développer, construire et exploiter le projet Masshylia, le plus grand site de production d’hydrogène renouvelable de France, à Châteauneuf-les-Martigues ».
Logé sur le site de la bioraffinerie de Total à La Mède et « alimenté par des fermes solaires d’une capacité globale de plus de 100 MW, l’électrolyseur de 40 MW produira 5 tonnes d’hydrogène vert par jour » pour les besoins de la production de biocarburants Total. Le groupe pétrolier estime à 15.000 tonnes le gain annuel en termes d'émissions de CO2.
Plus près de nous, on sait aussi que Total Quadran est engagé dans une poignée de projets de conversion de sites industriels du bassin de Lacq en centrales solaires (Noguères-Pardies, Bésingrand et Bésingrand-Pardies, Monein, Carresse-Cassaber), avec un potentiel de production cumulé de 63 MWc (mégawatts-crête).
[caption id="attachment_133357" align="alignright" width="300"] BioGNVAL[/caption]
Dans le même registre, EDF ambitionne de devenir un leader du solaire et vise une part de marché de 30% d’ici à 2035. Sa branche « énergies renouvelables » a lancé en fin d’année plusieurs campagnes de financement participatif pour des projets de centrales photovoltaïques dans l’Yonne, le Loiret, la Côte-d’Or, la Haute-Loire et l’Ardèche. Il y a tout juste un an, l’entreprise avait initié de semblables campagnes pour des centrales à Ambès, en Gironde, et à Artix, dans les Pyrénées-Atlantiques.
D’autres acteurs comme Suez mènent aussi leurs propres expérimentations et projets. Le gestionnaire de l’eau et des déchets communique en particulier sur sa solution « Degrés Bleus » d’exploitation de la chaleur des eaux usées (en place sur une vingtaine de sites en France), ainsi que sur son démonstrateur BioGNVAL de Valenton (94), le tout premier du pays « à valoriser le biogaz issu du traitement des eaux usées en biocarburant liquide ». Le biogaz est épuré et liquéfié « par technologie cryogénique » ce qui permettrait de « diviser son volume par 1.000 ». À la clé, un bioGNL composé de près de 100% de méthane.
À l’heure des acquisitions stratégiques…
Au-delà des projets, les groupes et opérateurs français lorgnent de près les plus petites entreprises du segment des énergies vertes. Tout récemment, on a parlé de la prise de participation de Teréga dans Chadasaygas, entreprise de Châtel-Guyon (63) dont la filiale Méthajoule a développé un procédé de méthanisation adapté à l’exploitation d’intrants agricoles issus de déchets animaux solides.
Ce lundi 11 janvier, Total a également envoyé un signal fort avec l’acquisition du lot-et-garonnais Fonroche Biogaz, qui construit et exploite des unités de méthanisation. Fonroche serait aujourd’hui « leader du marché français de la production de gaz renouvelable avec plus de 10% de part de marché, grâce à un portefeuille de 7 unités en service » et à ses 500 GWh de capacité installée. Fonroche aurait une quinzaine d’autres projets d’unités en cours de développement.
Ce n’était évidemment pas la première acquisition de Total dans le domaine des énergies renouvelables, mais l’opération est significative, après les rachats de Vents d’Oc en 2019 et de Global Wind Power (qui aurait tout de même pour plus de 1.000 mégawatts de projets programmés dans l’éolien) en mars 2020.
La plupart des autres gros acteurs du secteur sont aussi à l’affût de bonnes occasions de croissance externe. En février 2020, Engie avait par exemple approché Ameresco, développeur américain de sites de production d'énergie renouvelable. Le constat peut être étendu aux divisons « énergie » de nos champions du BTP, et même au-delà.
Le dernier trimestre 2020 a ainsi été rythmé par un investissement de Bouygues dans PowiDian (production d’électricité renouvelable pour sites isolés et autonomes en énergie via de l’hydrogène vert produit par électrolyse) et par l’acquisition de l’allemand Ewe (spécialiste des parcs éoliens offshore) par Vinci.
Cette semaine, on aura de même remarqué que Crédit Agricole Assurances et sa filiale italienne CA Vita ont acquis 30% du capital d’EF Solare (955 mégawatts de puissance installée dans le photovoltaïque).
À l’arrivée, que ce soit en termes de projets ou d’opérations de croissance externe, les lignes sont en train de bouger dans le domaine des énergies renouvelables, même si les spécialistes de la question espèrent pour beaucoup une montée en puissance plus rapide, davantage de collaboration entre géants du secteur et aussi de nouvelles améliorations des différents moyens de production d’énergie verte.
Pour découvrir le Baromètre des énergies renouvelables – cliquez ici
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