Ce n’est pas de mourir dont je commence à avoir peur, mais de vivre trop longtemps. Ils m’affolent les démographes et je ne comprends pas leurs sauts de cabris face à l’espérance d’une vie qui ne cesse de s’allonger.
Ce n’est pas de vivre qui m’ennuie, j’imagine que je trouverai toujours de quoi m’occuper. Non, ce qui m’inquiète c’est l’état dans lequel je serai. Et puis ma génération de baby boom, on va tous se retrouver vieux en même temps, un monde de vieux, fait pour les vieux, des résidences médicalisées à perte de vue…
Ouille, je ne suis pas emballée.
Et…
Il parait qu’en fait l’espérance de vie a augmenté parce que la grippe tue moins et qu’il y a moins de morts sur les routes, ce qui ne fait pas une vraie espérance de vie mais simplement moins de tués et, pour être cynique, c’est eux qui font baisser la moyenne.
Et puis non, j’ai lu le contraire et en fait, les conditions d’hygiène, le recul des maladies, une meilleure prise en charge nous font vivre plus longtemps. Et ça, ça m’ennuie un peu. Je ne suis pas sûre d’applaudir à un tel progrès. Parce que dans le même temps, on a de plus en plus de malades d’Alzheimer et vivre « alzheimérisée »… je ne suis pas tentée.
Une drôle de société nous attend où l’on regardera les bébés comme des bêtes curieuses, où les jeunes « actifs » auront peut-être des difficultés à cacher leur désir de nous voir « dégager ». Si on bosse 60 ans, qu’il reste 40 ans de retraite à nous payer et un actif pour trois retraités, on est mal, on est mal !
Le monde n’était pas trop mal fait, des guerres et des épidémies préservant l’équilibre démographique, des personnes âgées disparaissant quand il le fallait, histoire de laisser les jeunes générations s’épanouir et je m’inquiète.
Quand j’entends qu’une dame de 91 ans vient d’enterrer sa maman de 112 ans, avec tout l’amour qu’elle portait à sa mère elle a du être soulagée, non ? Je ne dis pas des énormités, mais il y a un temps pour tout, un temps pour vivre et un temps pour mourir, un temps pour être jeune, un temps pour être vieux mais si le temps pour être vieux n’en finit pas, ça ne va plus.
Bref, une fois encore, le mieux ne serait-il pas l’ennemi du bien ? Je pense à mes enfants ! Ils ne me supporteront jamais jusqu’à 110 ans ! Sinon, c’est sûr, il reste des choses à faire, une carrière de top model par exemple. Il parait que les marques cherchent de plus en plus de mannequins « seniors » et jusqu’à 97 ans il y a des possibilités…
Elle est pas belle la vie ?
Pasquine L’Islet
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