L’influenza aviaire est transmise par les oiseaux migrateurs qui font halte dans la région. Elle touche particulièrement le Sud-Ouest et les Landes, en raison de la densité de ses élevages en plein air, ce qui accroît le risque de contamination.
La région Nouvelle-Aquitaine concentre une importante production de volailles de chair et de palmipèdes gras à forte valeur ajoutée. Elle occupe la première place pour la production de canards gras avec la moitié de la production finie nationale en 2017. La production de palmipèdes à foie gras constitue le deuxième pôle essentiel de l'agriculture du département.
L’influenza aviaire est une maladie virale très contagieuse. Elle affecte les oiseaux, volailles et palmipèdes sous forme d’épisodes de mortalité pouvant aller jusqu’à 100 % du troupeau et des périodes de baisses de production importantes. Chaque année, l’État verse entre 200 et 300 millions d’euros d’indemnisation aux éleveurs du Sud-Ouest.
Les professionnels toujours plus vigilants
À l’occasion de leur assemblée générale, le 8 novembre à Mugron, les organisations de producteurs palmipèdes et volailles de chair de Maïsadour ont dressé un bilan de l’exercice 2021-2022, marqué par une 4e vague d’influenza aviaire, et fixé leurs priorités pour l’exercice à venir. Le groupe coopératif landais en a profité pour rappeler l’urgence de travailler sur un vaccin, après avoir subi une quatrième vague de grippe aviaire.
Pour prévenir une nouvelle crise, qui en 2022 a fait perdre à la coopérative 5,5 millions d’animaux, Maisadour a mis en place un plan de biosécurité à l’échelle du territoire avec l’ensemble des parties prenantes des filières volailles et palmipèdes.
Le Plan Adour a pour objectif est de baisser la densité des élevages et de disposer pendant la période à risque (du 15 décembre au 15 janvier) d’un nombre limité d’animaux dans les communes les plus à risque, notamment en Chalosse dans les Landes mais aussi dans le Gers et les Pyrénées-Atlantiques.
Un vaccin pour ne pas « contaminer le voisin »
L’influenza aviaire est particulièrement contagieuse chez les palmipèdes. Lorsqu’un foyer est découvert dans un élevage, les exploitations autour font quasiment systématiquement l’objet d’abattages préventifs. En 2021, près de 5,5 millions d’animaux ont été abattus ou non produits par la Coopérative.
« Je n’ai pas fait des études vétérinaires pour euthanasier des animaux, mais pour les soigner. Ce n’est plus tenable ! Un vaccin ne permettrait pas d’éviter la contamination d’un élevage, mais plutôt d’éviter de contaminer l’exploitation voisine. Notre souveraineté alimentaire et économique est en jeu, car c’est toute une filière qui est prise à la gorge », présente Xavier Banse vétérinaire référent chez Maisadour. La baisse des contaminations aurait également un impact positif sur la faune sauvage locale, ce qui instaurerait un cercle sanitaire vertueux.
Pas de solutions miracles
Comme pour la Covid, les problématiques de la vaccination sont les mêmes : la logistique tout d’abord, un suivi et une surveillance accrue ensuite et une contrainte économique enfin. « Il n’y a pas de solutions miracles ni de retours possibles aux pratiques d’avant », explique Chantal Brèthes, la présidente de la commission sanitaire de l’interprofession palmipède de Maisadour.
Cette éleveuse d’oies en Chalosse a connu quatre épisodes de contamination et de dépopulation. « On n’est humainement pas préparés. En tant qu’éleveur, on est désemparés et on culpabilise. On se pose sans cesse la question ‘’Qu’est-ce que j’ai encore raté dans ma façon de faire’’. En 2021, j’ai abattu des animaux qui avaient à peine trois mois. C’est à chaque fois un moment très difficile », témoigne-t-elle.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) et le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire réalisent des expérimentations d’un vaccin pour protéger les palmipèdes de l’influenza aviaire. « On travaille depuis quatre ans sur la thématique de la biosécurité et nous avons modifié notre façon de travailler ». Une première phase de test a eu lieu l’été dernier et un bilan est attendu au premier semestre 2023.
Noémie Besnard
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