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LA MINUTE POLITIQUEComment redonner vie aux centres-bourgs ?

Avec le temps, les centres-villes se sont désertifiés. Encore un grand travail pour les mairies, chargées de revivifier leurs cœurs de cités. Mais les idées ne manquent pas…
Photo d'une piétonne

Auparavant, c’était simple. On implantait le village autour de l’église, ça devenait la place centrale, et puis basta. En Espagne et en Amérique latine, cela existe toujours, sous le nom de Plaza Mayor ou Zócalo, des lieux de vie et de rendez-vous remarquablement dynamiques. C’est par la suite que la situation s‘est détériorée, avec n’en déplaise aux physiciens, un déplacement du centre. Vous en doutez ? Alors, faites l’expérience : où allez-vous déjeuner ou faire vos courses ce week-end ? Tout près de la mairie, de l’église ? Ce ne serait pas plutôt vers le centre commercial, où on déniche tout, en particulier ce qui ne se trouve plus en ville ?

C’est une lapalissade : ces centres commerciaux, grandes surfaces et compagnies, ont lentement mais sûrement tué le cœur de nos villes. Et il n’existe rien de plus déprimant que de parcourir les rues du centre et de compter le nombre de boutiques – parfois implantées depuis des dizaines d’années – fermées ; la vitrine passée au blanc d’Espagne, et la triste pancarte « À vendre » accrochée à la devanture. Sans compter les logements, très souvent insalubres parce que très anciens voire vétustes, ornés eux du calicot « À louer », consacrant la désertification et donc la paupérisation des lieux. Or, ces habitants sont des clients pour ces commerces.

Les recettes existent

Cette constatation, il y a longtemps que les municipalités l’ont faite et nombreuses sont celles qui sont passées à l’action. Car pour revitaliser les centres, ces lieux de brassage, d’échanges et de convivialité, les recettes existent et on les connaît, à défaut de les appliquer. En vrac et dans le désordre : développer de nouvelles offres commerciales, créer ou rénover des halles anciennes, refaire et harmoniser les façades (c’est à cela que serrvent les subventions), de fréquents passages de bus (pas plus de 10 minutes d’attente), des stationnements non punitifs et en nombre suffisant, sur une zone sécurisée et libre de racaille. Et du point de vue chalandise, l’implantation également d‘une « enseigne locomotive » susceptible d’attirer une population périphérique, et de boutiques éphémères en période de fêtes.

Révolution dans la grande distribution

Au milieu de cette confusion, une lueur est apparue depuis quelque temps : la grande distribution a entrepris sa révolution, en recréant des commerces de proximité, ou des « concept stores » type Ikéa ou Décathlon, donnant raison au philosophe Benoît Heilbrunn qui assurait  que « l’échange marchand n’est pas que pécuniaire, mais porteur de vivre-ensemble. » Un constat partagé par Vincent Chabault dans son livre Éloge du magasin (Gallimard – 2020) : « La grande distribution et la galerie marchande ne font plus rêver les consommateurs, et n’incarnent plus la diversité commerciale. Les Français ont plutôt envie de commerces de centre-ville », où l’on vient chercher de la chaleur et du contact, et pas celui d’une foule déshumanisée.

Qu’en est-il sur nos territoires ? Nous nous sommes intéressés au programme « Petites Villes de demain », qui a mené une enquête auprès d’habitants et de commerçants. Vous trouverez dans nos prochaines parutions ses conclusions, autant créatives que constructives. Et nous sommes allés à la rencontre de mairies qui agissent.

Dominique Padovani

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