Abonnez-vous
    Publié le Mis à jour le

    Grains de Sable

    Se promener en poussette

    Ca ne doit pas être drôle…de se promener en poussette, ou en fauteuil roulant, c’est du pareil au même. Un lecteur m’a écrit il y a quelques temps pour me faire part d’une petite aventure qui lui était arrivé. Ah, ça, les handicapés, ils n’en manquent pas d’aventures à raconter !

    Chaque minute qu’ils passent dehors, c’est Ushuaia, pas besoin d’aller bien loin pour voyager… Ils en ont de la chance ! Ils ne s’ennuient jamais et courent (enfin roulent plutôt) de défi en défi : monter sur le trottoir, descendre du trottoir, poster une lettre, rentrer et sortir d’un magasin, monter dans le bus.

    Depuis que j’ai reçu cette lettre, parfois, je joue à « si j’étais » quand je suis en ville à marcher à toute berzingue, toujours pressée, on se demande bien pourquoi puisque j’arrive au 31 décembre en même temps que les autres !

    Je joue à « si j’étais handicapée », et là, bonjour l’angoisse.

    Si j’étais handicapée, je ne sais pas ce que je ferais et j’avoue que quand je pousse mon caddie en ronchonnant au supermarché, il suffit que j’aperçoive au loin un fauteuil roulant et son propriétaire obligé de compter sur la bonne volonté de ses voisins pour attraper un paquet de purée, pour me calmer et mourir de honte.

    C’est quand même plus agréable de pousser son chariot que d’en être un, chariot, une sorte de vulgaire paquet qu’on peut oublier n’importe où. J’aurais peur qu’on m’oublie, garée sagement dans un coin, sans autre possibilité que celle de crier pour qu’on vienne me chercher avant la fermeture !

    J’aurais peur tout le temps, de ne pas arriver à poster une lettre, acheter ma baguette, faire mon lit, ma cuisine, tout, tout et le reste, une manière de vivre que nous,  les pas-encore-handicapés, on ne peut imaginer.

    Parce que voilà le hic, ça n’arrive pas qu’aux autres et demain, nous aussi, on peut se retrouver dans un joli fauteuil avec des petites roues, y compris le charmant monsieur dont me parlait mon lecteur.

    Un brave homme qui lui a piqué sous le nez sa place de parking non sans lui dire : « Vous n’avez pas le droit de vous garer ici ! Votre place est celle marquée pour handicapés. Vous gueulez assez quand on vous la prend ! » Brave garçon, sans doute n’a-t-il pas réalisé, mais vous en mettez quelques uns comme ça et la vie en société devient impossible.

    On commence par ne pas vouloir des handicapés et on finit par ne plus supporter que les grands, beaux et en bonne santé, de préférence blonds aux yeux bleus tant qu’on y est…

    Pasquine l’Islet

    Commentaires


    Réagissez à cet article

    Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire

    À lire aussi