Le mieux étant l’ennemi du bien, j’ai en ce moment un tas de mauvaises pensées. Voici trente ans que je n’ai pas touché l’ombre du commencement du début d’une clope. Je n’ai jamais aimé fumer, parce que si j’avais aimé, j’aurais plongé.
Je suis donc remplie à ras bord de compassion pour les fumeurs et pétrie d’admiration pour les héros qui arrêtent. Parce que fumeurs ou toxico, c’est du pareil au même et il doit être aussi difficile de renoncer à sa Gauloise qu’à l’héroïne.
Et vous savez quoi ? A force d’entendre parler de tabac et de cigarette, eh bien j’ai une petite envie d’y « regoûter » qui me vient comme ça, histoire de vérifier que c’est vraiment pas bon, mais que si jamais c’était bon, quand même, à mon âge, ce serait dommage de se priver de ces petits plaisirs qui ne font de mal qu’à moi-même.
« Fumer tue » ? Sans doute, sans doute, mais vivre sans aucun petit vice, est-ce vivre ? Là, j’y vais fort, mais j’en ai assez qu’on s’occupe à ma place de ma santé.
Alors si pour vivre vieux il faut renoncer à tout ce qu’on aime, ne pas manger trop de gras, mais pas trop de sucre non plus. Ne pas boire d’alcool, ni avaler les cacahuètes qui vont si bien avec le Lillet. Renoncer au Nutella qui doit, épais comme il est, me boucher plus ou moins les artères. Laisser tomber le steak tartare, on ne sait jamais. Abandonner les gâteaux, les omelettes aux cèpes…
Et puis pour éviter le cancer, les maladies cardiovasculaires, l’obésité, se contenter d’avaler des oméga 3, carburer au foie de morue, compter dix fruits et légumes par jour sous peine d’excommunication, manger cru, parce que les hommes préhistoriques, avant d’inventer le feu, mangeaient tout cru et s’en portaient bien.
Ils n’avaient pas de caries, bien sûr, mais pas fous, quand ils ont trouvé le feu, ils ont vite fait d’inventer le barbecue et la plancha qui vont avec, non mais…
Et puis attention aussi à la vitesse, même sur une autoroute déserte un jour de beau soleil. Le radar automatique, il se fiche complètement que la visibilité soit parfaite et les circonstances idéales pour essayer des voitures qu’on nous vend avec un compteur qui va bêtement jusqu’à 200 km/heures.
Tout comme la clope continue à être commercialisée et à rapporter des sous à l’Etat, et que zut, faut pas être totalitaire et laisser quand même à chacun une certaine liberté de risquer sa vie. Parce qu’une vie sans risque, c’est plus une vie.
Pasquine L’Islet
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