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DécryptageLe système « chasseur-régulateur-payeur » en débat

La Fédération des chasseurs des Landes tire la sonnette d’alarme. La prolifération du gros gibier déstabilise une de leurs missions : la régulation de la faune sauvage…
CHASSE LANDES 6
L’an dernier, la fédération a versé un million d’euros aux agriculteurs, au titre des dégâts causés par le gros gibier. En cause : notre vieux système du « chasseur-régulateur-payeur », concernant notamment le sanglier. Petit rappel et état des lieux.

Avant 1968, les agriculteurs bénéficiaient d’un « droit d’affût ». Autrement dit, ils pouvaient chasser librement le grand gibier sur leurs parcelles. En cas de dégâts, il leur fallait établir la responsabilité d’un tiers, s’ils voulaient obtenir réparation. Face à ce problème et pour améliorer la gestion globale des populations de gros gibier, la loi de finances du 27 décembre 1968 avait mis en place un mécanisme original, en chargeant un établissement public (Conseil supérieur puis Office national de la chasse) d’indemniser les agriculteurs victimes de dégâts. Cette « compétence » a été transférée en 2000 aux fédérations départementales de chasseurs.

C’est ce vieux principe du « régulateur-payeur » qui fait grogner les chasseurs un peu plus fort chaque année. Leurs arguments sont toujours les mêmes, mais avec chaque année des chiffres un peu plus spectaculaires et inquiétants. Dans les Landes, le bilan 2018 est tombé : c’est un million d’euros que la fédération a dû reverser aux agriculteurs. Dans le même temps, environ 10.000 battues auraient été réalisées dans les Landes l’an dernier, pour 13.000 sangliers abattus, un chiffre qui n’a plus rien à voir avec les quelques centaines d’animaux d’il y a 40 ans. Une situation rendue plus compliquée par un nombre de chasseurs en diminution. Ils sont un peu plus de 21.000 dans les Landes, et déjà 600 de moins qu’en 2017.

Pépins arithmétiques, mais pas que…

À l’arrivée, la fédération landaise annonce 220.000 euros de dégâts non budgétés, soit une dizaine d’euros par chasseur. Si ce petit problème arithmétique est un élément-clé du discours des chasseurs depuis quelques années, le ras-le-bol semble de plus en plus toucher à l’effort de régulation lui-même : les battues seraient de plus en plus difficiles à organiser, faute de chasseurs, alors que l’ampleur de la tâche augmente année après année.

Le système de l’agrainage (200 tonnes de maïs par an), qui consiste à alimenter le gros gibier à distance des zones cultivées pour y limiter la casse, participerait indirectement à la prolifération des sangliers. En particulier dans les Hautes Landes, où l’écosystème forestier ne suffirait pas à les nourrir.

En attendant une prochaine réforme générale de la chasse (en 2020, si tout va bien) et une modernisation du système (qui fêtera ses 50 ans cette année…), les associations locales devraient quand même tenir le choc. On a parlé çà et là d’un dépôt de bilan de l’ACCA Bourdalat, mais la démission récente de tout son bureau, annonce-t-elle, n’est en rien liée à un déficit budgétaire ou à des motifs économiques. Les trésoriers font certes grise mine, mais ils resteront sûrement à l’affût jusqu’à la réforme…

La chasse responsable…

On saluera au passage une initiative intéressante de la fédération, plus consciente que la chasse sera demain responsable ou ne sera pas : la « chasse à la cartouche ».

En 2017, un dispositif de collecte et de recyclage avait été mis en place avec le centre Suez d’Angoumé, et 700 kg de douilles avaient été ramassés. L’initiative existe aussi dans les départements voisins. En 2018, c’est 1,5 tonne de cartouches qui ont été acheminées vers 6 points de collecte couvrant le département. Une initiative aussi objectivement nécessaire qu’utile à une meilleure reconnaissance des chasseurs auprès du public.

Plus d’informations sur le site fedechasseurslandes.com – cliquez ici

Photos : site et réseaux sociaux de la Fédération de la chasse

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