Pour les habitants de l'agglomération paloise, Cap Ecologia, ou « Cap Eco », est un nom qui n'est pas inconnu. Sur ce site de traitement des déchets et des eaux usées à Lescar, la Communauté d'agglomération Pau Béarn Pyrénées s’est aussi donné un objectif de revalorisation de la quasi-totalité des matières accueillies.
A sa création, Cap Ecologia n'était qu'une vaste décharge publique. Mais au fil des années, ce site de 11 hectares a considérablement évolué avec l’installation de nouvelles structures : un incinérateur, une plateforme de compostage, une déchetterie plus moderne et un dispositif de traitement des eaux. Prochainement, c'est une centrale photovoltaïque qui sera opérationnelle.
« Ce qui est intéressant dans la démarche de Cap Eco, c'est qu’elle s’adapte en fonction des prises de consciences de la société. Quand il a fallu brûler les déchets, nous l'avons fait. Puis le compostage est devenu important et régulier, Cap Eco l'a développé. Et ainsi de suite. Aujourd'hui, nous sommes d'ores-et-déjà tourné vers la revalorisation des déchets et des eaux usées, afin de gaspiller le moins de matière possible, et de permettre à notre activité de tendre vers un bilan carbone neutre, voire, dans le meilleur des cas, négatif », explique Eric Pourredon, chef du service de transition énergétique de la Communauté d’agglomération.
Pour ce faire, Cap Ecologia bénéficiera, d'ici début 2022, d'une centrale photovoltaïque, toute neuve, qui s'étalera sur près de 2 hectares. L'intégralité de l'énergie ainsi produite sera réutilisée sur place, afin d'alimenter, entre autres, la station de traitement des eaux usées, mais également le futur méthaniseur des boues et, potentiellement, une unité de méthanation.
« L'incinérateur est la première « marche » de notre concept. Pour schématiser : en brûlant des déchets, on produit de la vapeur, utilisée dans le process de méthanisation des boues des eaux usées ; cette méthanisation permet une première transformation, avec la production de biogaz ; par ailleurs, l'incinérateur crée de l'électricité qu'il auto-consomme ; enfin, il valorise la chaleur des fumées pour chauffer de l'eau, envoyée ensuite dans un réseau public afin d’en faire bénéficier les habitants de l'agglomération paloise pour différents usages (chauffage, eau chaude sanitaire, piscine publique, etc…) », développe Eric Pourredon.
Toujours dans ce but de créer une « centrale 100% propre, 100% verte », la Communauté d’agglomération se tourne également vers l'hydrogène : sans doute l'énergie de demain. Mais sa production étant très demandante en électricité, il fallait que le site s'arme en conséquence.
« La deuxième « marche » est en cours d’étude : elle consiste à capter le CO2 émis dans le méthaniseur pour le mélanger à de l’hydrogène. Résultat : un gaz de synthèse sera réinjecté dans le réseau de distribution publique, au même titre que le biogaz. Ce processus, appelé méthanation, est encore au stade expérimental, et représente un immense défi pour nous. Si le pari s'avère gagnant, ce sera une grande innovation énergétique et la démonstration d’un exemple d’écologie industrielle », continue le chef du service.
Le hub énergétique de Cap Ecologia sera très probablement unique en France. Avec une revalorisation quasi-totale des déchets récupérés, et une réutilisation complète de l'énergie produite. Ce site est déjà qualifié par certains de « cathédrale énergétique », en clin d’oeil à la cathédrale de Lescar.
« Si le projet est une réussite, d'ici 2023 nous pourrons bénéficier d'une complète autonomie en énergie, et peut-être proposer une stabilité des prix. Cela permettrait également de développer des emplois dans ce secteur en plein essor, et offrirait au territoire une énergie verte et 100% locale. Cette prise de risque en vaut la peine. Et je pense que c'est ce défi qu'a voulu soutenir et accompagner Innopy », conclut Eric Pourredon.
Il est évident que les objectifs d'Innopy et de Cap Ecologia se rejoignent parfaitement. Et c'est pour cela que le projet a été sélectionné dans le cadre de la démarche « Pyrénées, Territoire d'innovations ».
Ce programme d'investissement, baptisé Innopy, a pour objectif d’apporter des réponses pertinentes, d'ici 2030, afin de relever les défis de la transition écologique. Particulièrement, en permettant de multiplier la production d'énergie locale et de former aux métiers de demain.
Pour mener à bien son projet d'une centrale énergétique 100% verte, locale, et au bilan carbone négatif, Cap Ecologia sera soutenu à hauteur de 1,25 million d'euros. Une aide appréciable pour une démarche qui pourrait bien servir d’exemple sur d’autres territoires français.
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