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PAUSE CAFÉLa méditation, un médicament anti-stress ?

Calme, concentration, baisse de l’anxiété, amélioration du sommeil, régulation du cortisol, les bienfaits de la méditation pleine conscience ne sont plus à prouver. Oui mais, comment y parvenir sans passer trois ans enfermé(e) dans un monastère au Népal ?
Une femme qui médite
Pas un psy qui n’encourage désormais à la pratique du Mindfulness, souvent appelé aussi la Méditation de la Pleine Conscience. Oubliant de rattacher cette pratique au bouddhisme, dont elle est issue depuis des lunes et des lunes, avant même que les psys occidentaux n’existent d’ailleurs…

Cependant, pratiquer la méditation en pleine conscience, ce n’est pas si facile. Il ne suffit pas de s’asseoir, jambes vaguement croisées sur un zafu (coussin de méditation) et d’attendre que ça vienne… Sans les bonnes clés, se retrouver d’un peu trop près face à soi-même peut s’avérer contreproductif avec une méchante attaque de l’auto-estime, du genre « Ce n’est pas pour moi, je n’en suis pas capable, de toute façon je suis nul ou nulle… » Quand ce que l’on recherche en fait, c’est précisément tout l’inverse…

La pandémie, pour beaucoup, n’a fait qu’exacerber les névroses, les peurs les plus folles, une insécurité diffuse face à l’existence. Maintenant, le DAP (déficit d’attention pleine) se croise à tous les coins de consultation, comme un phénomène banalisé, quand ce n’est qu’une dangereuse dérive de nos esprits beaucoup, beaucoup trop papillonnants et instables. Dans une société de plus en plus exigeante, qui nous fait multiplier les tâches (comme un ordinateur ?) et nous oblige à toujours davantage, le mindfulness va offrir un contrepoids de taille : donner la priorité à une façon d’être dans le monde, en présence pleine et intérêt total. Ennuyeux ? Non, salvateur !

Comme toujours – qu’il s’agisse d’utiliser un ordinateur ou de faire du vélo – il faut disposer des bonnes clés, d’un bon enseignant (et pas un charlatan) et d’un peu de pratique assidue pour obtenir relativement rapidement de grands résultats. Surtout, ne vous prenez pas trop au sérieux. Ces exercices sont à faire comme un jeu. Les résultats n’en seront que meilleurs. Et tiens, même ça : n’attendez rien, laissez-vous surprendre, abandonnez-vous à l’expérience sans chercher à tout contrôler ! Juste pour une fois…

À quoi ça sert, le mindfulness ?

Guide pratique et inspirant, le mindfullness peut aider à affronter des défis quotidiens aussi variés que renforcer sa créativité, comprendre la relation à la vie quotidienne, surmonter une addiction, supporter la souffrance physique et émotionnelle. Plus connecté à vos sensations, émotions, pensées, il vous permet d’affronter la championne des frousses (qui nous taraude tous) : la peur de l’inconnu. Plus particulièrement, le mindfulness est un outil qui nous aide à cultiver une conscience claire et ample de ce qui est en train de se passer, sans permettre que l’esprit divague.

Environ 60.000 pensées par jour

Les chiffres sont têtus. Le Dr Daniel Amen (il n’est pas le seul), psychiatre et spécialiste de l’imagerie du cerveau, affirme que nous produisons 60.000 pensées par jour. Ne calculez pas : éveillés, cela représente une pensée par seconde. Et ça, ma foi, c’est presque la bonne nouvelle ! Attendez la suite : l’éminent spécialiste précise que 95% de ces pensées sont les mêmes que la veille… Oui, nous rabâchons, et pas qu’un peu ! Un vrai disque rayé, ce pauvre cerveau ! Et 80% de ces pensées sont… négatives ! Ce qui fait que, par jour, nous avons peu ou prou 48.000 pensées négatives. Ne parlons même pas des comportements destructeurs qui vont y être associés. Et allons plus loin… Du coût pour les entreprises de notre masse de pensées négatives. Soyez productifs avec autant de caca dans le coco ! On comprend mieux que le mindfulness ait fait une entrée remarquée dans les plus grosses sociétés !

L’Homme, le seul animal à se projeter dans le temps

Ce n’est pas moi qui le dis, mais Heidegger en son temps, qui s’étonnait de notre propension à voyager sans arrêt dans le passé ou le futur. Les maîtres bouddhistes sont encore plus cassants sur le sujet : « À quoi sert de penser au passé ? Tu ne peux plus le modifier, il est mort, c’est une perte d’énergie », ainsi pourrait-on résumer leurs sentences. Pire quand ils parlent de nos projections vers le futur : « Quel orgueil ! Ainsi, tu es donc certain d’être encore en vie demain pour faire tout ce que tu prévois ? » Mais ouf, pas la peine de virer bouddhiste et de se faire enguirlander pour travailler un peu sur notre esprit…

Si l’on peut ne pas rejoindre la totalité de ces affirmations, on peut toutefois s’interroger deux minutes, et cela peut constituer notre premier exercice méditatif : si je regarde mes pensées, combien concernent mon présent ? Le résultat est juste ahurissant ! Ce qui interrompt la méditation, ce sont les pensées décalées dans le temps : « Ma collègue m’a dit ça, hier, si elle en reparle, je lui répondrai ceci ou cela. Ah je n’ai pas su répondre comme il faut, j’aurais dû lui dire ceci ou cela… », ou : « Zut, j’ai oublié d’étendre la lessive… Qu’est-ce que je fais ? J’y vais tout de suite et j’interromps la méditation, ou j’attends ? … Oui mais la pensée de cette tâche à réaliser m’empêche de me concentrer… »  STOP.

La respiration est la seule chose qui nous connecte au présent

Eh oui, avant de respirer, vous n’existiez pas, après la cessation de la respiration, vous n’existerez plus. Lapalissade ? Pas vraiment. Le premier exercice va donc consister à s’asseoir confortablement et à compter ses respirations. Le dos bien droit, on inspire et on compte 1 (si votre esprit est très agité, comptez 1-1-1) en « voix interne » (dans votre tête), on expire et on compte 2 (ou 2-2-2). Facile, pas vrai ? Essayez d’arriver jusqu’à 10 ainsi. Inévitablement (je suis prête à prendre un pari, tant je suis sûre de gagner), votre esprit va s’en aller pendant l’exercice, soit à la cuisine, soit au boulot, soit… dans des jugements : « Hey, cool, j’y arrive, suis trop fort(e) ! » ou « Oh zut, je n’y arrive pas du tout, c’est normal, je suis nul(le) dans la vie, mes parents le disaient déjà » … Donc, si ou plutôt quand la pensée va arriver, sans culpabilité, sans vous flageller ou vous juger, vous allez simplement recommencer l’exercice à zéro : j’inspire 1, j’expire 2, j’inspire 3, j’expire 4… Trois séances de comptage jusqu’à 10 et votre vie va changer ! Pas la peine d’en faire davantage, de choper mal au dos, ou de rester les jambes croisées avec des fourmis et des crampes. Juste faire cet exercice tous les jours et vous allez vous transformer en un grand et utile méditant, tandis que votre cerveau va très vite comprendre qu’il est désormais un jeune chien tenu par une laisse, il ne peut plus aller n’importe où et faire n’importe quoi, vous le domestiquez ! Demain, dans une file d’attente, au lieu de vous énerver parce que ça n’avance pas, mettez-vous à compter vos respirations… Essayez juste, vous verrez…

L’exercice de l’auto-scanner

Rien de tel pour harmoniser esprit et corps. Assis, centrez votre attention sur votre corps, en commençant par la tête, et en descendant « mentalement » jusqu’aux pieds. Ressentez chaque endroit du corps, visualisez-le : les cheveux, le crâne, le visage, le cou, les épaules et les bras. Notez les tensions, relâchez la pression, soyez souple, souple, souple… Partez dans le dos, les fesses, et même vos organes génitaux. Identifiez la respiration, la vibration des organes, la sensation, le poids. Descendez le long de chaque jambe, jusqu’aux doigts de pieds. Restez quelques secondes dans chaque endroit. Dessinez mentalement votre corps. Et si vous en avez envie, dites-lui merci. Merci de fonctionner malgré les mauvais traitements, merci jambes de me porter, de marcher ou de courir… Personne ne vous entend, vous pouvez vous réconcilier avec vous-mêmes sans que personne ne le sache !

Des tips faciles à suivre

La conscience pleine n’est finalement qu’une question de volonté. Dans la vie quotidienne, essayez de mettre en place quelques exercices tout simples :

-          Au lieu de courir d’une chose à l’autre ou d’essayer de faire trop de choses à la fois, notez vos objectifs pour la journée, et obligez-vous à vous y tenir, POINT. N’essayez pas d’en rajouter si vous avez rempli votre liste à midi. Souvenez-vous qu’on met le même temps à bâcler qu’à bien faire la plupart du temps, alors appliquez-vous…

-          Si vous souffrez de problèmes alimentaires et de concentration, ne lisez ou ne regardez pas la télévision en même temps que vous mangez (apprenez à vous absorber dans la contemplation de vos aliments, à tenter de saisir toutes les saveurs, toutes les nuances du produit, s’il est acide, sucré, gras, frais, chaud, etc…), gardez-le dans la bouche, n’avalez pas trop vite.

-          Essayez de laisser sonner votre téléphone 2 ou 3 fois avant de répondre, (je parie que cet exercice sera le plus difficile pour beaucoup)

-          Au lieu de les transformer en obligations pesantes et de les expédier à toute vitesse pour vous en débarrasser, concentrez-vous sur ce que vous faites : laver les plats, faire une lessive à la main, couper des légumes, biner le jardin… Dans ces moments, ne laissez pas vos pensées divaguer, absorbez-vous dans la tâche au point d’être fascinés par elle.

-          Si quelqu’un vous dit quelque chose de désagréable : inspirez et expirer de manière consciente au lieu de réagir immédiatement. Il paraît qu’aucune colère ne résiste à 3 inspirations et expirations complètes.

Le livre qui parle de « chez nous » et de méditation en pleine conscience

Tout commence par une annonce sur le net : « Jeune homme de 26 ans, condamné à une espérance de vie de deux ans par un Alzheimer précoce, souhaite prendre le large pour un ultime voyage. » Le road-trip d’Émile et de Johanne débute dans les Hautes-Pyrénées, file faire un tour vers Gruissan et s’achève à Lescun. On y parle de méditation en pleine conscience, mais pas que… Que celle ou celui qui parvient à terminer ce livre sans fondre en larmes m’envoie un message ! C’est pour mes statistiques personnelles… Hormis ce détail, un livre merveilleux, d’une profonde humanité, en un mot : qui fait un bien fou !

Commentaires (1)


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Maxime Tant
il y a environ 2 ans -
Merci beaucoup pour ce très bel article. Je vous ai contacté via mail pour échanger à propos de la cohérence cardiaque, j'ai conçu une application sur cette pratique permettant à chacun de pratiquer où et quand il le souhaite avec des musiques et animations relaxantes. La pratique permet de réduire stress & anxiété via la respiration en 5minutes. N'hésitez pas à jeter un coup d'oeil : https://linktr.ee/cardiac_coherence Je serai ravis d'échanger avec vous. Maxime

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