Sur le bassin de l’Adour on a enregistré des défilés records à Pau (18.000 personnes), à Bayonne (12.000), à Tarbes (11.000), à Mont-de-Marsan (7.000), et à Auch (6.000).
Malgré ces manifestations majeures et malgré des sondages sans appel, le chef de l’Etat et la première ministre restent sur leurs positions. Deux autres journées de mobilisation ont été fixées. L’intersyndicale a appelé à une 3e journée de manifestations et de grèves pour le mardi 7 février, et à une journée dans les rues (sans grèves), le samedi 11 février.
Le bras de fer continue et commence à exaspérer de plus en plus de monde. Jusqu’à quand nos gouvernants refuseront-ils d’écouter les Français ?
Plusieurs voix commencent à s’élever pour souhaiter que ce projet, mal préparé, soit retiré le temps de calmer les esprits, et surtout de le remettre à plat, en s’appuyant sur un véritable dialogue.
Le poids du « quoi qu’il en coûte » et des « zigzags »
Le journaliste économique François Lenglet livre, dans le Figaro, une analyse sur le contexte autour de ce projet de réforme des retraites.
« Les gens ne croient plus ni aux déficits ni aux milliards. Car la crise sanitaire a profondément changé notre perception de l’argent public. Il n’y avait plus un fifrelin, et, d’un jour à l’autre, des centaines de milliards se sont trouvés disponibles pour lutter contre les effets économiques de l’épidémie.
« Puis la guerre a été déclenchée, et avec elle la flambée des prix de l’énergie. Des dizaines de milliards d’euros ont alors été mobilisés pour les divers boucliers tarifaires… Il y avait de quoi légitimer le bon vieux sentiment que, pour financer une nouvelle dépense, il suffit de « prendre l’argent là où il est », chez les riches, à la Bourse, en supprimant les avantages fiscaux de telle ou telle catégorie.
« Les Français ne comprennent pas, après le déluge d’aides et de subventions - on va jusqu’à financer sur fonds publics la réparation des grille-pain ! - qu’on renâcle à trouver la dizaine de milliards nécessaire pour équilibrer le régime de retraites d’ici dix ans. Dix milliards, c’est un fétu de paille, au temps du « quoi qu’il en coûte ».
« La confusion est accrue par les changements de pied du président. Voilà six ans qu’il parle de réformer les retraites, avec des projets successifs et contradictoires. Étape 1, pendant la campagne électorale de 2017 : il n’y a pas de problème de déficit ; faisons la retraite à points. Étape 2, en 2019 : après tout, allongeons quand même la carrière avec l’âge pivot, tout en gardant le système à points. Étape 3, campagne électorale de 2022 : finalement, oublions le système à points, oublions l’âge pivot, et retardons l’âge légal car, tout bien considéré, il y a un problème de déficit… Il n’y a pas un argument utilisé pour justifier la réforme d’aujourd’hui qui n’ait été contredit à un moment donné par Emmanuel Macron lui-même.
« Tout cela donne aux Français le sentiment que les circonstances politiques et l’intérêt manœuvrier de court terme prévalent sur l’analyse objective. En 2017, il fallait capter les voix de gauche. En 2022, il fallait dézinguer la candidate de droite. En 2023, il faut desserrer l’étau d’une majorité hostile à l’assemblée. À chaque fois, la réforme des retraites se métamorphose pour répondre à la contrainte politique. Comment la pédagogie sur le fond pourrait-elle porter après ces zigzags ? »
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