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    Le médecin virtuel prend ses marques en Nouvelle-Aquitaine

    L’équipe du laboratoire Sanpsy de l’Université de Bordeaux et du CNRS a développé un « agent conversationnel » pour le diagnostic et le suivi de certains patients. Et ça marche…
    E SANTE 14
    Il vient tout juste de publier une encourageante étude dans la prestigieuse revue Nature Digital Medicine. Un travail qui tord un peu le cou aux clichés, car plus de la moitié des patients ayant essayé le médecin virtuel… serait prête à l’adopter !

    La consultation sur PC, mobile ou tablette tactile avec un médecin virtuel, ce n’est pas pour demain. Non : c’est déjà pour aujourd’hui… Et cela fait même un bon moment que des solutions de ce genre sont en gestation du côté du laboratoire Sanpsy (sommeil, addiction et neuropsychiatrie), qui réunit les compétences de l’Université Bordeaux-Segalen et de l’USR (unité de service et de recherche) 3412 du CNRS. On se rappelle en effet qu’après de premières études, un premier « agent conversationnel » avait été conçu dès 2017.

    Ce médecin tout en pixels, « capable de conduire un entretien interactif intelligent pour diagnostiquer des troubles dépressifs, puis d’addiction à l’alcool et au tabac », avait remporté l’un des trois grands prix remis par le fonds « Actions Addictions » lors du congrès de l’Albatros 2017.

    Depuis, notre médecin virtuel a gagné en expérience : il interagit parfaitement avec son interlocuteur et « s’anime à partir de séquences préenregistrées par capture du mouvement ». Il ferait même preuve d’empathie, et à défaut, a assurément le mérite de ne pas trop juger les patients en son for intérieur, consciemment ou non.

    Une étude aux résultats surprenants…

    Ce médecin qui écoute, répond et diagnostique a récemment fait l’objet d’une étude girondine un peu plus poussée, laquelle vient d’être publiée dans la fameuse revue britannique Nature Digital Medicine. Cette fois-ci, la clinique du sommeil du CHU de Bordeaux a pu faire tester son agent virtuel à un large échantillon de 318 patients.

    « La publication de Nature Digital Medicine porte sur les facteurs qui expliquent l’acceptabilité d’un agent conversationnel numérique par des malades suivis en consultation médicale. La nouveauté concerne l’analyse des facteurs expliquant qu’un malade accepte de converser avec un agent virtuel entièrement animé par un logiciel », explique l’Université de Bordeaux.

    Les patients sollicités pour l’étude se sont entretenus une trentaine de minutes avec ce médecin du futur à taille humaine, sur son grand écran, puis ont rempli plusieurs questionnaires d’évaluation. Or première surprise pour nous, qui pensions que ce docteur de demain nous ferait un peu l’effet de ces répondeurs automatiques et de leurs voix un poil mécaniques : plus de 57% des patients « ont apprécié l’interaction avec l’agent virtuel et sont prêts à être suivis sur le long terme par ce dernier ». L’étude identifie par ailleurs un excellent degré de confiance des patients envers l’avatar, jugé à la fois bienveillant et crédible.

    Autre grande surprise révélée par cette étude : « les personnes âgées et les personnes de faible niveau d’éducation sont celles qui se révèlent le plus ouvertes au dialogue et pourraient donc bénéficier de ces solutions numériques, à condition que ces dernières s’appuient sur la confiance dans l’expertise médicale ».

    En d’autres termes, ce genre de solution novatrice combinant compétences médicales et numériques ne serait pas réservé qu’aux seules jeunes générations. Le laboratoire Sanpsy peut donc se féliciter d’avoir tordu le cou à un préjugé, tout en précisant, bien sûr, que son médecin virtuel n’a pas nécessairement vocation à remplacer les praticiens « en chair et en os ». On parle bien d’un outil de complément.

    Formalisée avec le concours d’Agfa Healthcare, une solution devrait être commercialisée cette année à plus grande échelle, alors que l’ARS affirme qu’un néo-aquitain sur 3 serait concerné par une maladie chronique, et que bien sûr se posent partout des problèmes de disponibilité du personnel médical. D’où le soutien apporté par la Région à ce projet novateur, notamment en vue d’un suivi numérique à domicile des patients.

    Plus d’informations sur le site internet – cliquez ici

    https://youtu.be/qZ7yrwDOSZM

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