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COURANT PORTEURLes Landes veulent surfer sur l’électricité marine

La Communauté de communes MACS et ses partenaires avancent sur l’idée d’une ferme houlomotrice, première du genre dans la région, au large d'Ondres et de Labenne.
La ferme houlomotrice transforme une vague en courant
MACS DR
Entre recherche scientifique et partenariat inédit, cette expérimentation pourrait transformer l’Adour et ses rivages en terrain d’avenir pour les énergies marines renouvelables.
L'objectif est de concevoir un site capable de produire plusieurs dizaines de mégawatts
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On connaissait les éoliennes qui captent le souffle du vent et les panneaux solaires qui se nourrissent de lumière. Désormais, une autre piste s’ouvre pour diversifier le mix énergétique : celle des vagues. Les scientifiques et ingénieurs parlent d’énergie houlomotrice, autrement dit l’électricité produite à partir de la houle.

Le principe est simple à imaginer : tout comme une éolienne convertit la force du vent en énergie mécanique puis électrique, une ferme houlomotrice transforme le mouvement des vagues en courant. Des dispositifs flottants, parfois fixés au fond marin, utilisent les va-et-vient de la mer pour actionner des générateurs. Résultat : une énergie renouvelable, sans émission directe de CO₂, qui tire profit de l’inépuisable mouvement des océans.

Cette technologie n’est pas encore aussi répandue que l’éolien offshore, mais elle représente un potentiel considérable. La façade atlantique française, balayée par les houles puissantes venues du large, offre une ressource estimée à 40 TWh par an, soit l’équivalent de plusieurs réacteurs nucléaires. Dans ce contexte, les Landes se positionnent comme un territoire d’expérimentation prometteur.

Un projet pilote au large des Landes

C’est au large d’Ondres et de Labenne qu’un projet concret commence à prendre forme. Depuis 2023, un Partenariat d’Innovation (PI) est mené côté landais pour étudier l’installation d’une ferme houlomotrice sur une zone de 5 km², située à plus de six kilomètres des côtes. Cette distance permet de limiter l’impact visuel tout en profitant d’une houle régulière et puissante.

L’ambition est claire : concevoir un site capable de produire plusieurs dizaines de mégawatts, de quoi alimenter des milliers de foyers. L’étude porte non seulement sur la faisabilité technique, mais aussi sur les modalités d’intégration locale : comment utiliser cette énergie au plus près des besoins, comment raccorder les installations au réseau, et comment en faire un levier de développement durable pour le territoire.

Depuis 2023, le cercle s’est élargi avec l’arrivée du Département des Landes, de la Communauté de communes du Seignanx et de celle de MACS
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Pour les collectivités engagées, il ne s’agit pas seulement de produire de l’électricité, mais aussi de réduire l’empreinte carbone de l’industrie énergétique et de tester des solutions concrètes à l’échelle locale.

Ce projet ne sort pas de nulle part. Il s’inscrit dans une convention de partenariat autour de l’estuaire de l’Adour, initiée par la Région Nouvelle-Aquitaine et la Communauté d’agglomération du Pays basque. Depuis 2023, le cercle s’est élargi avec l’arrivée du Département des Landes, de la Communauté de communes du Seignanx et de celle de MACS (Maremne Adour Côte-Sud). Ensemble, ces acteurs publics ont fait le choix de mutualiser leurs efforts pour conjuguer transition énergétique et préservation de l’environnement.

Leur objectif est double : d’une part, avancer sur le développement des énergies marines renouvelables, et notamment de l’houlomoteur ; d’autre part, mieux comprendre les milieux aquatiques pour mieux les protéger. Cette approche intégrée reflète une conviction : la transition écologique passe par une vision territoriale partagée.

Préserver l’Adour tout en produisant

Au-delà de l’électricité bleue promise par la houle, la convention a déjà permis de lancer un programme d’actions pour protéger l’estuaire et le littoral landais. Installation de récifs artificiels pour favoriser la biodiversité, restauration de milieux dégradés, études fines des courants et des mouvements d’eau, surveillance accrue des rejets dans le fleuve, lutte contre les déchets flottants : autant de chantiers qui participent à une meilleure connaissance et à une gestion durable des milieux aquatiques.

Les Landes se retrouvent aujourd’hui à l’avant-poste d’une aventure énergétique
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Ces initiatives montrent que la production d’énergie marine ne peut être pensée isolément, mais doit s’accompagner d’un effort global de préservation. La ferme houlomotrice envisagée pour Ondres et Labenne n’échappera pas à cette règle : son installation sera conditionnée à une analyse environnementale précise, intégrant la biodiversité marine, les usages côtiers et la qualité de l’eau.

Entre 2023 et 2025, les avancées ont été suffisamment significatives pour convaincre les partenaires de prolonger la convention jusqu’en 2028. Cette extension vise à assurer un suivi régulier du Partenariat d’Innovation dans les Landes, mais aussi à maintenir la dynamique collective autour de l’estuaire de l’Adour.

Ce calendrier permettra de mesurer l’impact des premières actions et de préparer, peut-être, la concrétisation d’une première ferme houlomotrice en Nouvelle-Aquitaine. Pour les élus et acteurs engagés, le projet de Tarnos à Ondres est une étape décisive : si l’expérience réussit, elle pourrait ouvrir la voie à d’autres installations sur la façade atlantique française.

L’électricité du futur se dessine

Ainsi, les Landes se retrouvent aujourd’hui à l’avant-poste d’une aventure énergétique. Les panneaux solaires ont déjà trouvé leur place sur les toitures et les ombrières de parkings, les éoliennes offshore commencent à s’implanter sur le littoral atlantique… et désormais, c’est la houle qui pourrait brancher l’avenir.

En s’appuyant sur une coopération solide entre Région, Département et intercommunalités, le projet d’Ondres et Labenne incarne cette volonté de faire du littoral un laboratoire de la transition. Une transition qui ne se contente pas d’éclairer nos ampoules, mais qui cherche aussi à préserver les écosystèmes marins et à sensibiliser les habitants à la richesse de leur territoire.

La houle, fidèle compagne des surfeurs et des promeneurs de plage, pourrait demain devenir une alliée indispensable pour alimenter nos villes et nos villages. Dans ce mouvement perpétuel, les Landes trouvent une source d’énergie et une promesse, à savoir celle d’un littoral qui produit autant qu’il protège.


Sébastien Soumagnas

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