Hommage à la chanteuse basque Estitxu

La vie d’Estibaliz Robles-Aranguiz, Estitxu donc, fut courte mais intense. Née en 1944, elle nous a quittés presque cinquante ans plus tard, par la faute d’un cancer. Née à Briscous, elle était la benjamine d’une famille de onze enfants, menée par le père Manu, dirigeant syndicaliste, fondateur d’ELA et député du PNV, qui préféra se réfugier en Labourd, à Briscous, à la fin de la Guerre civile.

À vingt-trois ans, elle passe la frontière pour se produire à un festival de musique à Bilbao, en compagnie des frères Argoitia, le tout jeune Natxo de Felipe, et los Daiquiris. Le succès qu’elle y obtient l’encourage à se présenter à des radio-crochets, tel le « Música joven », où elle remporte le premier prix. Sa réputation comme chanteuse en langue basque est faite, ce qui lui permet de se produire dans des pays où la diaspora est importante, le Mexique et le Venezuela.

Mais la jeune femme sent le soufre. D’abord, elle chante en euskara, langue séditieuse alors, ensuite elle est la fille de son père, « un rouge ». Aucune radio ou télé officielle ne passera un de ses disques. L’arrivée de la démocratie ne changera pas fondamentalement son statut : admirée et encensée par beaucoup, essentiellement en Euskadi, elle ne connaîtra jamais la gloire de ses homologues catalans, Luis LLach ou Juan Ramón Serrat. Le crabe emportera début 93 la « Joan Baez du Pays basque », comme la dénommait Jacques Chancel, après un dernier récital au théâtre Amaia d’Irun, où se sachant proche de la fin, elle saluera son public d’un « Laster artio, Euskal Herria ! »

Vingt-cinq ans après, la mémoire est revenue. D’abord une rue de Bayonne porte son nom depuis l’an dernier, tandis qu’un disque reprenant ses titres est proposé à la vente par Agolira.

Ensuite, un concert en son hommage aura lieu cette année. Si vous ne pouvez pas attendre, le film de Franck Dolosor qui lui est consacré sera projeté ce samedi à 17h30 à Asporotsttipi, la Maison de la Corniche.

https://www.youtube.com/watch?v=Fh3SYd1zITg