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Les Landes, témoins actifs de la Grande Guerre

Demain sera fêté le 105e anniversaire de l'Armistice de 1918, acte de la fin de la Première Guerre Mondiale. L'occasion de se pencher sur un conflit majeur de notre Histoire qui, bien que principalement dans le Nord de la France, n'aura pas laissé les Landes de côté...
Des soldats dans les tranchées de la Première Guerre Mondiale.Photo : Gallica - BnF.
Du 28 juillet 1914 au 11 novembre 1918, partout dans le monde, ce sont 9 723 000 personnes qui perdent la vie dans l'horreur de la guerre. Parmi eux, 1 398 000 français. Et parmi eux, plus de 12 000 landais...

Nous sommes le 28 juin 1914. Le prince François-Ferdinand d'Autriche, et son épouse la duchesse de Hohenberg, sont en visite à Sarajevo dans le cadre du jour de Vidovdan, une fête religieuse, qui est également la date d'anniversaire de la bataille de Kosovo Polje, une bataille importante dans l'histoire du pays de l'époque. Une visite qui vire au drame lorsque Gavrilo Princip, un jeune nationaliste serbe, décide d'assassiner le couple. Un attentat qui va créer une tension incontrôlable entre le royaume de Serbie et l'Autriche-Hongrie, puisque cette dernière déclenchera une guerre, qui dépassera très largement le cadre des Balkans. La Première Guerre Mondiale était née.

Les alliances politiques se faisant, la Grande Guerre se développe partout en Europe, puis dans le monde entier. De grands théâtres d'affrontements se forment alors, et en France c'est principalement dans le Nord et l'Est du pays que les batailles font rage. Cependant, au matin du 1er août 1914, ce sont toutes les cloches de tous les villages de France qui ont sonné pour annoncer une mobilisation générale, et les Landes n'ont pas échappé à cet appel. En effet, quatre jours plus tard, des milliers de landais étaient réunis à Mont-de-Marsan et Bayonne, et s'apprêtaient à partir au front.

Les landais, en première ligne

En l'espace de quatre ans, ce sont environ 78 000 landais qui ont été envoyés à la guerre. Pour comprendre l'importance de cette mobilisation, il faut se replonger dans les données démographiques de l'époque, quand le territoire comptait environ 289 000 habitants. On compte alors un landais sur quatre qui a été mobilisé. On parle ainsi de jeunes hommes, valides, et issus à plus de 60% du monde agricole. Ainsi, pendant cette période, ce sont les femmes, les enfants, les vieillards et même des émigrés espagnols qui permettent au territoire de vivre, en faisant fonctionner les fermes, les usines, et l'industrie forestière. Cette dernière s'avérant on ne peut plus importante, puisque des pins landais étaient envoyés au front pour la construction des tranchées.

Ces données sont déjà on ne peut plus impressionnantes, mais elles en deviennent terrifiantes si l'on compte nos morts. Plus de 12 000, sans compter les disparus. Un chiffre important qui, toujours relativisé à la démographie d'antan, représente une perte de 8% des hommes landais de l'époque. À titre d'exemple, le 34e Régiment d'Infanterie, part au front avec 3 400 hommes, et revient dans les Landes avec seulement 23 soldats. Ces chiffres font des Landes l'un des départements les plus touchés par la mort lors de la Grande Guerre. Une donnée qui peut s'expliquer par l'éducation de l'époque, peu développée dans les Landes en comparaison de départements plus urbains. Les hommes plus éduqués étaient ainsi préférés en retrait du front.

Un défilé des troupes du 34e Régiment d'Infanterie.
Des soldats allemands dans les Arènes du Plumaçon.

De ces 78 000 hommes envoyés au plus près de l'horreur de la guerre, certains ont laissé leur trace dans l'Histoire. On peut ainsi citer Maurice Boyau, fils de Jean Boyau, originaire de Castets. Un aviateur hors paire, rugbyman international français à ses heures perdues, qui donne aujourd'hui son nom au stade de l'US Dax. On peut également citer les frères Navarre, également aviateurs, et fils d'André Navarre, originaire de Tartas qui a fait carrière dans le papier (ça ne s'invente pas).

Joseph Bordes, prête landais, est connu pour avoir été un valeureux héros, toujours prompt à aller au front malgré des blessures. Il se dit même que parmi les nombreux frères d'armes qu'il a relevés, on y retrouve un certain Pierre Louis Marcel Conguilhem, dessinateur montois qui perd son bras droit au combat et qui doit alors apprendre à pratiquer son art de son autre main, lui donnant un surnom aujourd'hui nom d'un établissement à Mont-de-Marsan : Cel le Gaucher. Et ma liste peut encore être longue... !

Un territoire actif dans le passé et dans le présent

Au contraire de la Seconde Guerre Mondiale, les affrontements et l'ennemi ne sont pas arrivés jusque dans les Landes. Ou presque... En effet, le département a été un territoire d'accueil pour les prisonniers allemands. Un choix stratégique, puisque la zone était très éloignée des théâtres des affrontements. Ainsi, à Mont-de-Marsan, ce sont plus de 900 soldats de l'Empire allemand qui étaient parqués dans les Arènes du Plumaçon, qui était alors une véritable prison à ciel ouvert. Le Lycée Victor-Duruy se transformait quant à lui en hôpital pour les blessés, et de cette période est né un lieu de mémoire encore actif aujourd'hui.

En effet, alors que les premiers morts allemands sont enterrés dans le cimetière du centre de la ville, les habitants s'y opposent. Un cimetière dédié est alors érigé, et est encore aujourd'hui existant. Depuis 1980, tous les étés, une association allemande se rend même sur place pour nettoyer et entretenir les stèles des 258 soldats allemands qui y reposent. Ce cimetière est aujourd'hui témoin du rôle qu'auront joué les Landes dans la Grande Guerre. En plus de cela, ponctuellement, comme ce fut le cas lors du centenaire de l'Armistice, des conférences et expositions sont organisées pour ne pas oublier. De nombreux ouvrages jouent également ce rôle. Et les cérémonies qui animeront nos villages, demain matin, le feront tout autant. Et maintenant, vous aurez même des anecdotes à y raconter, pour permettre aux landais, témoins actifs de la Grande Guerre, de rester dans les mémoires...

Timothé Linard

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