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MINUTE POLITIQUELa retraite sort de son lit, la colère déborde

Vigilance orange sur toute la France. Le niveau du fleuve de la mobilisation contre la réforme a de nouveau enflé de manière spectaculaire depuis l’ouverture des vannes du 49-3. Les remous menacent…
MANIFESTATION RETRAITE
La 9e journée de grèves et de manifestations contre la réforme des retraites a fait descendre encore plus de monde à Paris. Des défilés impressionnants ont déferlé dans plus de 300 villes et jusque dans des villages.

Sur le bassin Adour Gascogne, quelque 60.000 personnes ont clamé leur mécontentement dans les rues ; le cap du million a été à nouveau franchi dans l’Hexagone. Depuis l’utilisation de l’article 49-3 pour faire passer la loi sans vote au Parlement, le mécontentement s’est souvent transformé en colère, la détermination des opposants au texte de l’Exécutif a pris une autre tournure. On est bien loin de l’essoufflement, comme l’espérait le président de la République.

Des jeunes, de plus en plus nombreux, sont entrés dans la contestation, chaque soir à Paris et ce jeudi dans les cortèges. Des Black Blocks profitent de l’aubaine pour affronter les forces de l’ordre et pour casser. Il semble illusoire de penser que le calme pourrait revenir sans un geste fort, tellement la convergence des colères est devenue puissante.

Comme l’illustre le dernier sondage Odoxa publié par le Figaro, ce jeudi, l’intervention sur TF1 et France 2 du chef de l’État non seulement n’a pas été convaincante pour 76% des Français (un niveau jamais atteint), mais en plus elle a amplifié la mobilisation : « 67% des Français pensent désormais que le mouvement doit se poursuivre, soit six points de plus que la semaine dernière avant l’activation de l’article 49-3, et dix points de plus qu'il y a deux semaines ».

« Même la radicalisation perceptible du mouvement n'ébranle pas l'appui des Français », souligne notre confrère. « Les violences et débordements sont perçus comme étant prévisibles (91%), et les citoyens s'attendent à ce qu'ils s'aggravent dans les jours à venir (83%). Ces actes suscitent aussi des inquiétudes (72%) et semblent injustifiables (56%). Mais ceux-là ne sont pas imputés aux manifestants. 70% des Français jugent le gouvernement coupable d'avoir provoqué cette situation, et ce pour une raison largement défendue (61%) : ces actes sont le seul moyen de se faire entendre puisque (le gouvernement) n'écoute pas les manifestants pacifiques.»

Une très large majorité des personnes interrogées considèrent que la président « n'a pas répondu aux attentes des Français. Le président a donné l'impression de ne pas comprendre leurs préoccupations (71%) et de ne pas prendre la mesure de la gravité de la situation (70%). Sa personnalité se retrouve elle aussi critiquée, puisqu'Emmanuel Macron est perçu comme n'ayant été ni rassurant (79%), ni humble et modeste (78%). C'est un regard bien plus sévère que lors du discours prononcé au plus fort du mouvement des gilets jaunes ». Odoxa relève ainsi ces données : « -26 points sur l'humilité, -21 points sur la capacité à montrer qu'il comprenait les préoccupations des Français, -25 points sur la prise en compte de la gravité de la situation. »

Des gestes d’apaisement deviennent urgents avant que ce torrent nourri de multiples colères ne devienne incontrôlable.

D’autant plus que la source de ces convergences explosives ne justifie pas de prendre ce risque. Quasiment tout le monde reconnaît la nécessité d’une réforme des retraites, et il est clair que ce projet-là a été mal ficelé au départ, puis trituré ensuite, au point de perdre l’essentiel de son impact sur l’équilibre financier du régime. De nombreuses voix demandent au président d’appuyer sur le bouton « pause » pour remettre à plat le projet, dans le calme, avec une véritable concertation.

Ce serait la sagesse.

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