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L’industrie prépare l’avenir, malgré un contexte incertain

Alors que les plans sociaux se multiplient, les PME et ETI industrielles de la région se battent avec toutes les armes possibles, innovations et diversifications en première ligne…
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Ce lundi, le gouvernement a dévoilé les noms de 13 nouveaux bénéficiaires du fonds de modernisation des secteurs automobile et aéronautique. Ils sont désormais 9 dans nos régions.

En France, plus de 450 plans de sauvegarde de l’emploi ont été initiés entre début mars et fin septembre. À travers ces PSE, un total de 65.000 ruptures de contrat de travail ont été planifiées, selon les derniers chiffres de la Dares. Ce serait 3 fois plus que sur la même période en 2019.

Car si tous les plans sociaux d’envergure ne sont pas uniquement liés à la crise sanitaire (on peut par exemple citer les cas d’Auchan Retail France, Nokia ou NextRadioTV), certains le sont assez clairement, comme dans les secteurs du tourisme (TUI France, Booking.com) ou de l’automobile (Renault, Valeo). Plus généralement, l’Insee indique qu’en France, 119.400 emplois ont été détruits dans le privé au second semestre.

En Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine, c’est la filière aéronautique qui inquiète le plus, avec ses 1.200 entreprises représentant près de 160.000 emplois. Dans le secteur, le plus gros plan social est évidemment celui d’Airbus avec 15.000 suppressions de postes prévues, dont 3.400 du côté de Toulouse. Et c’est évidemment en Haute-Garonne que, dans le sillage de celui de l’avionneur, se concentrent la plupart des autres plans sociaux les plus significatifs d’Occitanie.

La filière aéronautique inquiète…

Latécoère, ATR, Sogeclair, Spherea, Derichebourg Aeronautics : une dizaine d’entreprises y prévoient la suppression d’un total de plus de 1.800 postes (sans compter les départs volontaires). Et on ajoute que Toulouse pourrait être concerné par une petite partie des 1.000 suppressions d’emplois tout juste annoncées par Thales.

Plus largement, le Gers (avec le site Latécoère de Gimont) et les Hautes-Pyrénées (Daher pour plus de 160 postes, Assistance Aéronautique Aérospatiale pour près de 80) sont aussi concernés.

Côté néo-aquitain, où se trouve le siège de Safran Helicopter Engines (à Bordes), la bonne nouvelle a sans conteste été l’accord de transformation signé à l’échelle du groupe Safran. Cet accord aurait permis de sauver un total de 6.000 emplois. En revanche, les choses se sont compliquées ces derniers mois chez Lauak, tant du côté de ses bases d’Hasparren que de son site gersois de L'Isle-Jourdain. On sait depuis cet été qu’un plan sera lancé fin octobre chez le sous-traitant basque. Seraient concernés 138 des 466 salariés d’Ayherre et d’Hasparren, ainsi que 60 des 115 salariés de L’Isle-Jourdain.

Ce plan d’ampleur est une conséquence directe de la réduction de voilure d’Airbus, qui pèserait pour 60% dans le chiffre d’affaires de Lauak. On a évidemment une pensée émue pour cette belle entreprise d’ici, à laquelle on aimerait croire que des soutiens seront apportés, et dont le cas mériterait peut-être (lui aussi) un peu plus d’écho.

De manière générale, l’aéronautique représenterait près des deux tiers des suppressions de postes envisagées dans l’industrie. Avec des effets collatéraux : rien que dans le numérique, le Syntec d’Occitanie estime à 10.000 le nombre d’emplois menacés dans cette région par la crise du secteur aéronautique (sur un total de 35.000).

D’après les spécialistes et aux dires mêmes de Bruno Le Maire, il faut s’attendre à d’autres plans de licenciements, voire à des faillites, dans les semaines et mois qui viennent. On espère que ces prédictions un peu résignées seront démenties par les faits…

Des exemples encourageants…

Dans la crise actuelle, on peut heureusement aussi se réjouir de la bonne capacité de résistance de certaines entreprises de la filière. Outre le cas un peu particulier de Tarmac Aerosave (qui assure le stockage des avions cloués au sol), on a récemment pu noter les intéressants contrats signés par Ségneré (pour la production de l’hydravion Akoya) et par Potez (pour le programme d’avion électrique Alice).

Derrière ces cas d’entreprises aux clients et aux activités diversifiées, voire tout simplement bien positionnées pour faire face, de nombreuses autres PME font évidemment front en s’appuyant au premier chef sur le dispositif d’activité partielle de longue durée, et parfois sur des accords internes ou les différents plans de relance et fonds de soutien. Outre le plan de relance national annoncé en juin, la Région Occitanie avait lancé son propre plan de 100 millions d’euros pour la filière aéronautique.

Ce lundi ont d’ailleurs été révélées les identités de 13 nouvelles sociétés qui bénéficieront du fonds de soutien national aux secteurs automobile et aéronautique (doté de 300 millions d’euros sur 3 ans). Elles se partageront 9 millions d’euros pour mener à bien des projets de modernisation et/ou de diversification. Parmi ces nouveaux « lauréats », 8 évoluent dans le secteur aéronautique, dont 4 en Occitanie, et plus particulièrement en Haute-Garonne.

Il s’agit d’Atmosphere à Ramonville-Saint-Agne (qui va étendre ses solutions de connectivité pour systèmes autonomes), de Syntony à Toulouse (qui va adapter son système de localisation pour l’aérien aux secteurs routier, ferroviaire et minier), de Mecaprotec à Muret (entreprise spécialisée dans le traitement de surface, qui s’engage dans un projet de modernisation 4.0) et enfin de ST Composites à Labège (qui va faire de même avec un projet incluant de la robotique).

Les entreprises d’ici évoluent…

Ces nouvelles entreprises rejoignent les 24 premiers sélectionnés, parmi lesquels figuraient Aurock (Albi, 81) et Dedienne Aerospace (Toulouse) pour l’Occitanie, et Aunis Production Industrie (Rochefort, 17) et Ventana (Narcastet, 64) pour la Nouvelle-Aquitaine.

Seul représentant du bassin de l’Adour parmi ces lauréats, Ventana est un fabricant de pièces métalliques opérant non seulement dans l'aéronautique, le spatial et la défense, mais aussi dans l'énergie et l’automobile. Son activité aurait chuté de 35% au cœur de la crise. Avec son projet de R&D « Ventana Rege », l’entreprise travaillera à remplacer par un substitut artificiel les 9.000 tonnes de sable utilisées chaque année pour fabriquer ses moules à usage unique. Objectif : « résoudre le problème de l’exposition des salariés à la silice et diminuer drastiquement son empreinte environnementale ». Elle doit recevoir une aide de 800.000 euros.

On espère évidemment que d’autres lauréats seront désignés du côté néo-aquitain, qui n’en compte pour l’instant que deux et qui ne manque pourtant pas d’acteurs opérant dans l’aéronautique et ayant des idées de projets. Quoiqu’il en soit, on voit que les entreprises du secteur aéronautique, si elles souffrent, sont encore loin d’avoir rendu les armes.

Dernières données de la Dares sur l’emploi, cliquez ici

Notre dernier article sur Ségneré et l’Akoya – cliquez ici

Notre dernier article sur Potez et le programme Alice – cliquez ici

Notre dernier article sur Ventana – cliquez ici

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