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Gestion de l’eau, influenza aviaire, vaccins : où en est-on aujourd’hui ?

Après la venue du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire dans le Gers, Bernard Malabirade, président de la Chambre d’Agriculture, fait le point sur la situation pour PresseLib’.
Bernard Malabirade, président de la Chambre d'Agriculture du Gers en train de parlerD.R.
Les sujets qui se sont naturellement imposés autour de la table concernaient bien entendu la problématique de l’eau, après la sècheresse inédite qui a sévi l’an passé, et susceptible de devenir la “norme” dans les prochaines décennies, mais aussi l’influenza aviaire qui a particulièrement impacté les éleveurs de l’Ouest du département dès la fin de l’année.

Qu’est-il ressorti de ces échanges ?

Bernard Malabirade : « Concernant l’eau, le ministre regrette que l’on ait confié les clés au ministère de l’Environnement dans les années 90 - une époque où l’on était sur une vision très environnementale -, et reconnait son impuissance à faire accélérer les procédures. Mais il faut sortir d’une vision sanctuarisée de l’eau. L’eau, c’est la vie, et si on veut de la vie, de la souveraineté alimentaire, il est évident que le dossier doit être abordé différemment. Il faut également une volonté de renforcement des stockages, qui pourraient servir de manière pluriannuelle, et non pas seulement saisonnière. Le ministre de l’Agriculture, qui est aussi celui de la Souveraineté alimentaire, a tenu un discours sans ambiguïté sur cette nécessité à stocker l’eau, à la gérer de manière simple et efficiente pour tout le monde. Peut-être faut-il s’engager à réviser les règles d’il y a trente ans pour les remettre aujourd’hui face aux enjeux climatiques ?… » .

Vous avez également abordé le problème de l’influenza aviaire, et les limites du Plan Adour…

B.M. : « Il y a eu effectivement l’intervention d’une vingtaine de personnes et des témoignages d’éleveurs qui ont permis d’exprimer avec beaucoup d’émotion les problèmes financiers et sanitaires que génère l’épizootie, mais aussi les dégâts humains engendrés. Nous avons vécu cinq crises en sept ans, et les éleveurs ont su, avec beaucoup de sensibilité, faire toucher du doigt cette détresse qui touche des hommes, des femmes, des familles entières. Si nous avons mieux réussi que les Pays de la Loire cette année, grâce au Plan Adour, il faut quand même rappeler que ce plan est celui de la non-production, ce qui signifie un néant économique et social qui n’est pas une fin en soi. Il faut sortir de là ».

Où en sont les vaccins réclamés par la filière ?

B.M. : « Le ministre est clairement enclin à les commander tout en prenant le risque de les acheter avant les autorisations de mise sur le marché qui n’arriveront sans doute qu’en juin. Ces vaccins, que nous devrions recevoir en septembre, protègeront notre production d’automne et d’hiver. Mais il faudra maintenir en parallèle tout ce que l’on fait déjà, à savoir la biosécurité et la surveillance des élevages. Ils vont aussi nous éviter sûrement les dégâts faits sur les animaux sains lors des dépeuplements massifs pour éviter la propagation du virus. On pourra se cantonner à des périmètres beaucoup plus restreints, de l’ordre du kilomètre et non plus des dix ou vingt exigés aujourd’hui. Il faut remettre les animaux en plein air, même si l’on doit accepter de les garder enfermés durant la période à risque, entre novembre et janvier lors du passage des oiseaux migrateurs, avec une météo qui n’est pas très clémente en plus ».

Quelle serait la stratégie vaccinale ?

B.M. : « Nous sommes en discussion sur ce sujet. Canards, volailles, les deux, reproducteurs ?... J’ai demandé à ce que le prisme territorial soit pris en compte, les Pays de la Loire peuvent très bien avoir un choix différent du nôtre. Il pourrait y avoir deux protocoles : un vaccin au premier jour dans les couvoirs, ou un autre à deux reprises chez les éleveurs. Nous préférerions le premier protocole, pour être sûrs que toute la filière soit couverte ».

Et pour le financement ?

B.M. : « Là aussi, il faut discuter sur le montage financier global, qui intègre le coût du vaccin, la mise en place et la surveillance des aléas, avec différentes analyses effectuées. L’État en prendrait une partie, et les discussions qui ont lieu vont se poursuivre au niveau des professionnels et interprofessionnels ». 

Où en est-on aujourd’hui au niveau des élevages ?

B.M. : « La production a repris, sauf dans les zones règlementées touchées en janvier dernier, qui doivent attendre début mars pour redémarrer. Mais l’approvisionnement en canetons est faible, et la situation est compliquée pour les éleveurs. Les témoignages de ces hommes et femmes très meurtris par cette influenza qui n’en finit plus de laminer notre territoire étaient très éloquents… ».

Propos recueillis par Marielle Fourcade

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